Isolation des combles, pompe à chaleur, panneaux solaires : vous avez tout prévu pour réduire vos factures d’énergie. Mais avez-vous pensé à assurer vos travaux ?
Si la rénovation énergétique promet du confort et des économies, elle implique souvent de multiples intervenants et donc des risques. Les malfaçons, les infiltrations, les équipements défectueux, ou encore les accidents, peuvent faire de votre projet un véritable casse-tête si vous ne disposez pas des bonnes couvertures.
Avant même le premier coup de perceuse, certaines assurances sont obligatoires. D’autres sont fortement recommandées pour éviter les mauvaises surprises. Qui doit les souscrire ? Pour quels travaux sont-elles obligatoires ? Que couvrent-elles et que risque-t-on à les ignorer ?
Dans cet article, nous faisons le point sur les assurances incontournables pour des travaux de rénovation énergétique. Et si vous débutez dans votre projet, vous pouvez également consulter notre mode d’emploi complet pour réussir votre rénovation énergétique.
Besoin d’une estimation rapide ?
EN RÉSUMÉ :
- Assurer ses travaux de rénovation énergétique est indispensable pour se protéger contre les malfaçons, les sinistres ou les accidents sur le chantier ;
- Certaines assurances sont obligatoires : dommages-ouvrage, garantie décennale, RC Pro (Responsabilité civile professionnelle). D’autres, comme l’assurance habitation PNO (Propriétaire non-occupant), sont fortement recommandées ;
- Les responsabilités sont partagées : le propriétaire doit souscrire la DO (Assurance dommages-ouvrage), tandis que les artisans doivent fournir leurs attestations (décennale, RC Pro, etc.) ;
- Les prix varient selon le type d’assurance et les caractéristiques du chantier : entre 1 100 € et 5 000 € selon les cas ;
- Faire appel à un professionnel certifié RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) permet de filtrer les entreprises sérieuses et d’accéder aux aides comme MaPrimeRénov’.
Pourquoi assurer ses travaux de rénovation énergétique ?
Les travaux de rénovation énergétique ne sont pas anodins. Qu’il s’agisse d’isoler une toiture, de remplacer un système de chauffage ou d’installer des panneaux solaires, chaque intervention peut entraîner des malfaçons, des sinistres ou des dommages matériels parfois importants.
Selon une étude publiée en 2025 par l’ACPR – Banque de France, le taux moyen de sinistralité sur les chantiers du bâtiment peut atteindre jusqu’à 129,6 %. Cela signifie que pour 100 € de primes encaissées, l’assureur a déboursé en moyenne 129,6 € pour indemniser les sinistres couverts. Face à cette réalité, mieux vaut anticiper les risques qu’en subir les conséquences.
Un enjeu financier
Les travaux de rénovation énergétique représentent souvent un investissement important. Même avec les aides de l’État, le reste à charge peut dépasser plusieurs milliers d’euros.
Ne pas assurer correctement ses travaux, c’est prendre le risque de devoir tout recommencer à ses frais en cas de problème. C’est aussi compromettre l’accès aux aides publiques, qui exigent de faire appel à des entreprises assurées et Reconnues Garantes de l’Environnement (RGE).
La revente du bien est un point souvent négligé. Si les travaux ont été réalisés sans certaines assurances obligatoires, comme l’assurance dommages-ouvrage (DO), le notaire doit le signaler à l’acheteur et cela peut compliquer la vente.
Une responsabilité juridique
En France, le Code des assurances et le Code civil imposent plusieurs garanties pour les travaux affectant la structure du bâtiment ou ses équipements. La loi Spinetta, en particulier, encadre les responsabilités des constructeurs et impose certaines assurances pour protéger le maître d’ouvrage comme les futurs occupants.
Ignorer ces obligations peut entraîner une absence d’indemnisation en cas de litige, mais aussi engager la responsabilité personnelle du propriétaire ou du professionnel.
Un projet en tête ?
Quelles sont les assurances obligatoires et leurs spécificités ?
Propriétaires particuliers, comme professionnels du bâtiment, héritent chacun de différentes assurances travaux à souscrire obligatoirement.
Assurance dommages-ouvrage (DO)
Cette assurance est obligatoire pour tout particulier faisant réaliser des travaux de rénovation lourde sur un bâtiment existant, notamment lorsque ceux-ci touchent à la structure (toiture, murs porteurs, fondations, etc.) ou à l’étanchéité. Elle doit être souscrite avant le début du chantier.
Elle permet d’être indemnisé rapidement en cas de malfaçon grave, sans attendre qu’un tribunal établisse les responsabilités, contrairement à une procédure classique. Elle couvre les réparations des dommages entrant dans le champ de la garantie décennale.
Elle est indispensable si vous faites isoler une toiture, poser des panneaux photovoltaïques en toiture, ou remplacer un système de chauffage intégré au bâti.
Combien coûte une assurance dommages-ouvrages (DO) ?
Le prix d’une assurance dommages-ouvrage (DO) dépend principalement du montant total des travaux, du type de chantier et du canal de souscription (direct ou via l’entreprise). Il s’agit d’un investissement essentiel pour sécuriser votre projet, notamment face aux malfaçons structurelles ou sinistres majeurs.
D’après le Crédit Agricole, voici les estimations généralement observées :
- Via votre propre assureur : comptez entre 7 % et 8 % du montant total des travaux, avec un tarif minimum compris entre 4 000 et 5 000 €, quelle que soit l’ampleur du chantier ;
- Via l’assureur de l’entreprise ou du constructeur : la prime est souvent plus avantageuse, oscillant entre 3 % et 4 % du montant des travaux.
Exemple : pour un chantier de 60 000 €, la prime DO peut s’élever d’environ 1 800 € à 2 400 € si vous passez par l’assureur de l’entreprise, ou de 4 200 € et 4 800 € via votre propre assureur.
Garantie décennale
La garantie décennale est obligatoire pour tous les professionnels du bâtiment (artisans, entreprises, ou encore architectes) intervenant sur un chantier, dans la mesure où leurs travaux peuvent affecter la solidité ou l’habitabilité du logement.
Elle couvre pendant 10 ans après la réception des travaux les désordres majeurs : infiltrations, affaissement, défaillance d’un plancher chauffant intégré, etc. Vous devez exiger une attestation de cette garantie avant de signer le devis.
Un professionnel sans garantie décennale n’est pas en règle. Évitez de l’engager, même s’il est moins cher.
Quel est le prix d’une assurance décennale ?
Le prix d’une assurance décennale dépend du métier, du chiffre d’affaires de l’entreprise et du niveau de risque des travaux réalisés. En 2025, les tarifs moyens observés varient significativement selon la profession. Voici quelques repères issus de l’analyse de Pappers :
Profession | Tarif annuel moyen (2025) |
Maçon | 2 100 € à 2 440 € |
Électricien | 1 250 € à 1 625 € |
Plombier | 1 100 € à 1 525 € |
Architecte | 2 900 € à 4 420 € |
Ces montants peuvent varier selon les assureurs, l’expérience de l’artisan, l’historique de sinistralité ou encore la zone géographique.
Responsabilité civile professionnelle (RC Pro)
La RC Pro couvre les dommages causés à des tiers pendant le chantier : blessures, dégâts des eaux, incendies, etc. Elle intervient lorsqu'une erreur, une négligence ou un incident survient dans le cadre de l'activité professionnelle.
Elle est obligatoire dans plusieurs secteurs réglementés, notamment dans le bâtiment, les professions de santé, le tourisme, ou encore pour certaines professions libérales (avocats, experts-comptables, etc.).
Dans les autres secteurs, bien que non imposée par la loi, elle reste fortement recommandée pour protéger l'entreprise, ses clients et ses partenaires contre les conséquences financières d’un sinistre.
Combien coûte une responsabilité civile professionnelle (RC Pro)
Le tarif de l’assurance responsabilité civile professionnelle dépend de l’activité exercée, du chiffre d’affaires et du niveau de risque.
Selon Legalstart, il faut compter :
- Entre 70 € et 200 € par an pour un auto-entrepreneur dans le BTP ;
- À partir de 300 € par an pour une entreprise du bâtiment avec plus d’activité ou de responsabilités.
Les montants varient selon les assureurs, les garanties choisies et les antécédents.
Garantie biennale (bon fonctionnement)
Lexique Hellio :
À ne pas confondre avec la garantie biennale, la prescription biennale est le délai légal de 2 ans dont dispose un assuré pour contester une décision de l’assureur (refus d’indemnisation, litige sur le montant, etc.). Ce délai commence à la date du sinistre, ou au moment où l’assuré en a eu connaissance.
Cette garantie est imposée par le code civil à tous les professionnels du bâtiment. Elle couvre pendant 2 ans les équipements dissociables du bâti installés lors des travaux : chaudière, pompe à chaleur, VMC, ballon d’eau chaude, etc.
Elle ne nécessite pas de souscription spécifique : elle est automatiquement applicable. En cas de panne ou dysfonctionnement pendant cette période, l’entreprise doit intervenir à ses frais.
Contrairement à la garantie décennale, la garantie biennale ne fait pas l’objet d’un contrat spécifique obligatoire. Elle est automatiquement due par l’artisan, mais ne nécessite pas la souscription d’une assurance distincte.
Combien coûte une assurance garantie biennale ?
En pratique, la couverture biennale est souvent incluse dans l’assurance multirisque professionnelle (facultative) ou la RC Pro. Son coût est donc intégré à ces contrats.
Assurance habitation / Propriétaires non occupants (PNO)
L’assurance multirisque habitation (ou assurance propriétaire non-occupant, PNO) doit être adaptée à la période des travaux. Elle n’est pas toujours obligatoire, mais elle est fortement recommandée, notamment pour anticiper les cas de sinistres causés pendant le chantier (incendie, dégât des eaux, etc.).
Il est de votre responsabilité de vous assurer que votre logement est bien couvert pendant toute la durée des travaux.
Combien coûte une assurance habitation / PNO ?
L’assurance propriétaire non occupant (PNO) protège un bien mis en location ou vacant. Elle couvre les sinistres courants (incendie, dégât des eaux, responsabilité civile, etc.) pendant les travaux ou entre deux locataires.
D’après le site meilleurtaux.com, en 2025 :
- Pour un appartement, le prix moyen varie de 113 € à 154 € par an, selon la surface ;
- Pour une maison, la prime annuelle oscille entre 204 € (petite surface) et 510 € (plus de 200 m²).
Le coût dépend de la surface, du type de bien et de sa localisation.
Garantie de parfait achèvement (GPA)
L’INFO HELLIO
Tout contrat d’assurance dommages-ouvrage inclut une franchise, dont le montant varie selon les assureurs. Mais bonne nouvelle : cette franchise n’est pas à la charge de l’acquéreur. Cela signifie que l’assureur doit indemniser intégralement le particulier, même en présence de franchise. C’est ensuite au professionnel responsable de rembourser cette somme à la compagnie.I
La garantie de parfait achèvement est obligatoire pendant la première année qui suit la réception des travaux, sauf pour les architectes et les bureaux d’études. Elle impose à l’entreprise de réparer tous les désordres signalés par le client, qu’ils soient esthétiques ou fonctionnels, qu’ils relèvent ou non des autres garanties légales.
Elle est déclenchée dès que le maître d’ouvrage signale par écrit un défaut dans les 12 mois suivant la réception. Cela peut inclure un problème de finition, une fissure non structurelle, un défaut de pose, ou toute malfaçon constatée dans ce délai.
Quel est le tarif d’une garantie de parfait achèvement (GPA) ?
Au même titre que la garantie biennale, la garantie de parfait achèvement est due par l’entrepreneur. Pendant l’année suivant le procès-verbal de réception des travaux, il lui reviendra donc de remédier aux désordres fonctionnels ou esthétiques.
Cependant, aucun contrat d’assurance spécifique n’est obligatoire. Il s’agit d’une option de contrat d’assurance multirisque BTP.
Biennale, décennale, GPA : quelles différences ?
Ces trois garanties légales, souvent confondues, couvrent des durées et des types de défauts différents :
- GPA : valable 1 an, elle impose à l’entreprise de corriger tous les défauts signalés, même esthétiques ;
- Biennale : valable 2 ans, elle couvre les équipements dissociables (chaudière, VMC, etc.) en cas de dysfonctionnement ;
- Décennale : valable 10 ans, elle couvre les dommages graves affectant la solidité ou l’usage du logement.
Elles sont automatiquement dues par les professionnels et protègent le client à chaque étape après la réception des travaux.
Besoin d’un devis clair pour vos travaux ?
Comment bien choisir ses artisans et vérifier les assurances ?
Avant la signature d’un devis, il vous revient de sélectionner des professionnels fiables et bien assurés. Dans le domaine de la rénovation énergétique, cela signifie choisir des entreprises certifiées RGE (Reconnues Garantes de l’Environnement) et en mesure de fournir leurs attestations d’assurance à jour.
Checklist des éléments à réunir pour un chantier sans encombre
L’ASTUCE HELLIO
Sélectionner un artisan via l’annuaire officiel des professionnels RGE (Reconnus Garants de l’Environnement) est déjà un premier filtre efficace. Pour obtenir ce label, les entreprises doivent remplir plusieurs critères : formations spécifiques, assurances obligatoires à jour, conformité technique des réalisations. Il s’agit d’un gage de sérieux, mais aussi d’une condition indispensable pour bénéficier des aides financières comme MaPrimeRénov’.
Pour sécuriser vos travaux de rénovation énergétique, voici la liste des documents et garanties à vérifier avant le démarrage du chantier :
- Attestation de garantie décennale de chaque entreprise (valide à la date de début des travaux, correspondant à l’activité exercée).
- Attestation de responsabilité civile professionnelle, couvrant les dommages à des tiers pendant le chantier.
- Devis signé avec mentions obligatoires (coordonnées, dates, conditions de paiement, délais, pénalités de retard...).
- Contrat de maîtrise d’œuvre ou de construction, si un conducteur de travaux, architecte ou entreprise générale encadre le projet.
- Contrat d’assurance dommages-ouvrage, si les travaux concernent le gros œuvre ou la structure.
- Numéro SIRET et justificatif d’immatriculation (extrait Kbis ou attestation INSEE).
- Certification RGE (Reconnue Garante de l’Environnement) pour bénéficier des aides publiques.
- Documents d’accès au chantier : autorisations administratives (si nécessaire), affichage du permis, contrat de location d’échafaudage, etc.
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