Chaudière biofioul : caractéristiques, prix, avantages, inconvénients

Le biofioul (appelé aussi « fioul vert ») est une alternative au fioul domestique. Sa production et sa commercialisation sont poussées par la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage (FF3C) ainsi que d’autres acteurs de la filière. Mais qu'est-ce exactement que ce biocombustible ? Quels sont les avantages et inconvénients d’une chaudière biofioul ? Est-ce une alternative vraiment durable au fioul traditionnel ? Quelles sont les autres possibilités ? Y a-t-il des aides financières ? Toutes ces questions concernant ce nouveau combustible sont explorées dans cet article rédigé par nos experts.

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Zoom sur le fioul domestique

Le fioul conventionnel occupe la troisième place parmi les sources d'énergie utilisées pour le chauffage dans les foyers français, suivant le gaz naturel et l'électricité. Environ 15 % des foyers en France se servent du fioul comme moyen de chauffage (source : FioulReduc). Ce type d’énergie est principalement utilisé dans les régions rurales, plus précisément dans les zones non desservies par le gaz de réseau.

Le chauffage au fioul domestique émet une part de gaz à effet de serre (GES) assez importante par rapport aux autres énergies. D’après Carbone4 (2018), le fioul émet deux fois plus de CO2 par kWh que l’électricité :

• Fioul : 324 gCOe/kWh
• Gaz naturel : 227 gCOe/kWh
• Électricité : 147 gCOe/kWh
• Biomasse (granulé) : 30 gCOe/kWh

Pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et accélérer l’indépendance énergétique de la France, le gouvernement encourage les ménages qui se chauffent au fioul, mais aussi au gaz et au charbon, à passer à un système de chauffage plus économe, durable et moins carboné (pompe à chaleur, chaudière biomasse, raccordement à un réseau de chaleur…).

L’installation d’une nouvelle chaudière au fuel (mais aussi au charbon) est par ailleurs interdite dans les bâtiments neufs et existants depuis le 1^er juillet 2022. En effet, le décret du 5 janvier 2022 acte l’interdiction d’installation des chauffages qui dépassent le seuil de 300 gCOeq/kWh PCI (grammes d'équivalent CO par kilowattheure).

Pour plus d’informations sur : l'interdiction des chaudières au fioul

Les ménages qui se chauffent au fioul domestique n’ont toutefois pas besoin de changer de chaudière tant que celle-ci fonctionne.

Pour ne pas dépasser ce seuil, il est par exemple possible de se tourner vers un nouveau mode de chauffage qui fonctionne avec un biocombustible, tel que le bio fioul.

Exception à l'interdiction : une nouvelle chaudière neuve au fioul domestique peut être installée à deux conditions seulement :

• Lorsque l'architecture du logement rend tout autre type de travaux impossible
• Lorsque le logement ne peut pas être raccordé à un réseau de chaleur ou de gaz naturel

Qu’est-ce qu’une chaudière biofioul (ou fioul vert) ?

Les recherches pour trouver des alternatives aux énergies fossiles sont un enjeu majeur pour les années à venir. De ce fait, les biocarburants ont gagné en popularité depuis les années 2000.

Le biofioul, par exemple, est composé de fioul domestique auquel on ajoute progressivement une part d'ester méthylique d'acide gras (EMAG), principalement issu du colza cultivé en France. Le biofioul F30, constitué de 70 % de fioul conventionnel et de 30 % d'EMAG de colza, a remplacé le fuel traditionnel pour alimenter les nouvelles chaudières installées depuis le 1^er juillet 2022.

La Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffages (FF3C) encourage l’accélération de la transition vers le bio fioul de chauffage. Le F10, contenant jusqu'à 10 % d'EMAG, pourrait être disponible sur le marché d'ici à 2025 afin de substituer intégralement le fioul traditionnel présent dans les chaudières existantes. D’ici à 2025 à 2030, l’objectif est d’introduire les nouvelles chaudières fonctionnant au F50, puis d’ici à 2040 au F100, un bioliquide 100 % renouvelable (c’est-à-dire sans aucun fioul).

Le fioul vert coûte-t-il plus cher que le fioul traditionnel ?

Le prix du fioul domestique se vend aujourd’hui en moyenne à 1,257 €/kWh. Le prix du fioul bio, quant à lui, reste généralement 15 % plus cher que le fioul 100 % fossile. C’est pourquoi, la FF3C préconise aux pouvoirs publics de réduire les taxes sur ce biocarburant pour réduire cet écart de prix (Capital).

En comparaison, voici un tableau du prix des principales énergies en France en 2024 :

*PCI = Pouvoir Calorifique Inférieur

Source : Ministère de la Transition Écologique

Quel est le prix d’un nouveau brûleur compatible au biofioul ?

Pour être compatible au biofioul sans changer sa chaudière utilisant du fioul, il est possible d’acheter seulement un nouveau brûleur, dont le coût varie entre 800 et 1 000 € selon la Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffage - FF3C (Ouest-france).

Combien coûte une nouvelle chaudière biofioul ?

Alors que le coût d’une chaudière au fioul varie entre 3 000 € et 8 000 € selon le modèle, celui d’une chaudière bio fioul neuve est d’environ 8 000 € (FioulReduc).

En comparaison avec des systèmes de chauffage et de production d'eau chaude sanitaire (ECS) plus économes et durables, dont le gouvernement en fait l’éloge :

• Le prix d’une pompe à chaleur varie de 1 900 à 22 000 € selon le modèle, la puissance thermique ou encore la surface à chauffer. Le prix de l’installation, quant à lui, varie entre 500 à 6 500 € ;
• Le prix d’une chaudière biomasse et de son installation varie de 7 000 à 20 000 €.

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Quels sont les avantages de la chaudière biofioul ?

Les chaudières fonctionnant au « fioul vert » présentent plusieurs avantages par rapport au fioul traditionnel.

1. Bon rendement énergétique

Ce bioliquide bénéficie d’un rendement énergétique élevé, voire supérieur à celui du fioul classique, qui présente déjà de bonnes performances énergétiques. Avec un bon rendement, un logement atteint la température désirée plus vite en consommant moins.

Cette alternative apporte également une meilleure résistance au froid et une bonne stabilité au stockage.

2. Moins polluant et plus durable que le fioul

Issu en partie du colza, le nouveau combustible est une énergie partiellement renouvelable, participant à l’indépendance énergétique progressive de la France. Ce bioliquide émet aussi moins d’émissions de gaz à effet de serre et moins de particules fines (telles que les oxydes d'azote - NoX), ce qui améliore la qualité de l'air, réduit les risques pour la santé et limite le réchauffement climatique.

3. Transition énergétique progressive

Étant donné que l’ester méthylique d'acide gras peut être mélangé avec le fioul classique, le fioul bio favorise une transition énergétique progressive vers une énergie moins carbonée. Sans compter que les ménages équipés d’une chaudière fioul peuvent conserver leur équipement, à l’exception du brûleur.

4. Moins dépendant du marché pétrolier

Contrairement au fioul traditionnel, dont les prix sont influencés par les fluctuations du marché pétrolier, le biofuel peut garantir une stabilité des prix en étant moins sensible aux variations du prix du pétrole.

5. Dynamisation de l’agriculture française

Ce nouveau combustible apporte de nouveaux débouchés aux agriculteurs de colza, contribuant ainsi à l’économie des communautés rurales. La culture du colza est relativement facile et abondante. De plus, elle favorise la pollinisation en attirant des insectes tels que les abeilles.

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Quels sont les inconvénients ?

Cette nouvelle énergie comporte également des inconvénients. Certains viennent même remettre en question les avantages cités précédemment. On constate donc que le biofioul est un combustible assez clivant.

1. Incompatibilité du bio fioul à grande échelle

En restant marginale, cette utilisation pourrait être acceptable, mais il est peu probable que le F100 (c’est-à-dire sans fioul) puisse remplacer entièrement la consommation actuelle de fioul.

La culture du colza est déjà bien utilisée pour :

• L’alimentation humaine
• L’alimentation animale (qui permet de remplacer le soja brésilien)
• Le carburant automobile « le biodiesel »

Ainsi, à long terme, l'incertitude persiste quant à la capacité de répondre à la demande croissante en colza.

C’est pourquoi, le ministère de la Transition écologique ne recommande pas la promotion des chaudières biofioul contrairement à d’autres chauffages plus durables et économes, tels que les pompes à chaleur (PAC), les chaudières biomasse ou encore les panneaux solaires thermiques.

Le ministère avait en effet répondu lors d’une séance publique au Sénat en mai 2023 que le biofioul est une « solution transitoire qui devrait rester marginale et réservée aux cas où aucune autre alternative n'est envisageable ».

2. Le fioul vert n’est pas meilleur pour l’environnement que le fioul

En plus de l’impact négatif sur la biodiversité, le biofuel ne s’avèrerait pas moins polluant que le fioul domestique. Des questions subsistent effectivement quant à l'efficacité réelle de la réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux combustibles fossiles, en tenant compte de l'ensemble du cycle de vie du biofioul.

Bien que le colza soit renouvelable, sa production nécessite l'utilisation de machines agricoles, d'engrais et de transports fonctionnant au pétrole. C’est pourquoi, certains experts préfèrent utiliser le terme « agrocarburant » plutôt que « biocarburant », car cela ne représente pas forcément une solution respectueuse de l'environnement.

D’après une étude de 2016 de l’ONG européenne Transport & Environnement (T & E), les agrocarburants émettraient plus de CO que l’essence et le diesel (Le Monde). Néanmoins, les études et recherches restent encore insuffisantes au sujet de ces nouveaux biocombustibles utilisés pour le chauffage.

3. Dépendance au colza et aux conditions météorologiques

Les variations des récoltes et des conditions météorologiques peuvent influencer la disponibilité des matières premières nécessaires à la production de biofioul. En conséquence, l'approvisionnement en biofioul peut être moins constant et moins prévisible que celui des autres énergies.

4. Moins économique que le fioul conventionnel

Comme expliqué précédemment, le biofioul F30 est aujourd’hui plus cher que le fioul traditionnel. Logiquement, le F100 sera probablement encore plus cher. C’est la raison pour laquelle, les acteurs de la filière espèrent que ce nouveau bioliquide soit partiellement exonéré de taxes.

5. Une transition du fioul au fioul bio relativement lente

La transition du fioul vers le F30 a pris du retard et reste plutôt lente étant donné que l’objectif de commercialiser le F100 est prévu pour 2040. Ainsi, le fioul classique demeure largement utilisé aujourd'hui et continuera de l'être dans les prochaines années, contribuant toujours à la pollution de la planète.

Dans la mesure où il existe aujourd’hui d’autres possibilités de chauffage plus économiques et écologiques que le fioul et le biofioul, le remplacement complet de sa chaudière fioul s’avère donc plus rentable et meilleur pour l’environnement à long terme. Sachant qu'il existe des aides financières admissibles dans le cadre de travaux de rénovation énergétique (certains chauffages en sont éligibles, plus d'informations dans la suite de l'article).

Changement de chauffage, faut-il choisir une chaudière au biofioul ?

Le biofioul peut sembler attrayant par ses caractéristiques renouvelables et son potentiel de réduction des émissions de CO₂ par rapport au fioul traditionnel, notamment dans les zones rurales non approvisionnées par le gaz. Cependant, malgré les ambitions des acteurs du secteur pour remplacer le fioul par du fioul bio, son impact environnemental reste sujet à débat. Le biofioul représente donc une alternative au fioul classique, sans pour autant être une solution miraculeuse.

Le gouvernement encourage davantage la transition vers d’autres systèmes de chauffage fonctionnant aux énergies renouvelables, moins controversées. Plus précisément, l’État a instauré plusieurs aides financières destinées aux ménages pour changer son chauffage énergivore (plus d’informations ci-dessous).

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Quelles sont les alternatives au bio fioul et au fioul ?

Comme expliqué précédemment, plusieurs systèmes de chauffage (fonctionnant aux énergies renouvelables) sont plus écologiques et économiques que ceux fonctionnant aux énergies fossiles (gaz, fioul ou charbon) :

• Pompe à chaleur (PAC) aérothermique ou géothermique
• Raccordement à un réseau de chaleur vertueux
• Panneaux solaires thermiques ou hybrides
• Chaudière biomasse (bûches ou granulés)

En effet, les chauffages fonctionnant au gaz ou au charbon font également face à de nombreuses interdictions d’installations étant donné leur impact environnemental négatif.

Y a-t-il des aides financières ?

Aucune aide n’est disponible pour l’installation d’une chaudière biofioul.

En revanche, pour les systèmes de chauffage cités ci-dessus, les aides suivantes sont éligibles :

• MaPrimeRénov’, en plus de l’installation d’un nouveau chauffage, cette aide publique finance également la dépose de cuve à fioul.
• Certificats d’économies d’énergie (CEE)
• Éco-prêt à taux zéro (Éco-PTZ)
• Taux de TVA réduit

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