Une fuite de chauffe-eau, ça ne se résume pas à “quelques gouttes au sol”. Dans une salle de bains ou un placard technique, l’eau peut vite s’infiltrer sous un revêtement, atteindre un meuble, un plancher, voire des câbles. Et même quand la fuite semble “petite”, elle peut durer des heures sans qu’on s’en rende compte.
Il y a aussi un autre enjeu, plus discret : le gaspillage. D’après fournisseurs-electricite.com, un ballon d’eau chaude qui fuit peut consommer 3 à 10 litres d’eau par heure. Autrement dit, laisser traîner “juste une fuite” peut devenir un vrai robinet ouvert… sans le bruit.
L’objectif de ce guide est simple : vous aider à arrêter la fuite en sécurité, puis à identifier la cause (groupe de sécurité, raccord, bride, cuve), pour décider rapidement si une réparation est envisageable ou si un remplacement est plus raisonnable.
Agir tout de suite : sécuriser, couper, limiter les dégâts
Quand on découvre de l’eau sous un chauffe-eau, le cerveau part souvent dans tous les sens : “ça vient d’où ?”, “est-ce grave ?”, “je peux resserrer quelque chose ?”. Le bon réflexe, c’est d’abord de reprendre la main avec une routine très simple.
Couper l’électricité avant de toucher à quoi que ce soit
Sur un chauffe-eau électrique, la règle est non négociable : on coupe le courant avant de manipuler. Même si la fuite est “loin” du capot, l’eau suit parfois des chemins inattendus (coulure le long d’un câble, ruissellement sur la cuve, goutte à goutte qui finit sur une connexion).
Coupez au tableau électrique :
- le disjoncteur dédié “chauffe-eau / ballon” si vous l’identifiez ;
- sinon, par prudence, coupez le général.
Ensuite seulement, vous pouvez approcher, essuyer et observer.
Couper l’arrivée d’eau froide du chauffe-eau
Deuxième étape : arrêter l’alimentation en eau. La plupart des installations ont une vanne sur l’arrivée d’eau froide du ballon, souvent juste avant le groupe de sécurité (la pièce métallique reliée à une évacuation).
Fermez cette vanne à fond. Si vous ne la trouvez pas (ou si elle tourne dans le vide), coupez l’eau au robinet d’arrêt général du logement.
Dans beaucoup de cas, rien que ça fait déjà retomber la fuite… parce que vous avez supprimé la pression qui “pousse” l’eau à sortir.
Dépressuriser pour éviter que ça continue à couler “par inertie”
Ouvrez un robinet d’eau chaude (évier, lavabo, douche) pendant quelques secondes à une minute. Vous ne cherchez pas à “vider” le ballon, mais à faire tomber la pression et à laisser entrer un peu d’air. C’est souvent ce qui transforme un filet d’eau en simple goutte résiduelle.
Protéger l’environnement immédiat
Une fois le danger écarté, passez en mode “limiter la casse” :
- serpillière et bassine (même provisoire),
- serviettes au pied des meubles,
- si le ballon est dans un placard : pensez aux plinthes et au bas des cloisons (l’eau s’y loge vite).
Puis vient l’étape la plus importante pour la suite : comprendre d’où part l’eau.
Repérer l’origine de la fuite : les zones qui parlent
Un chauffe-eau peut fuir à plusieurs endroits, mais les symptômes ne racontent pas la même histoire. Localiser précisément la zone, c’est gagner du temps et éviter de démonter “au hasard”.
La fuite vient du groupe de sécurité
C’est l’un des cas les plus fréquents. Pour rappel, un filet d’eau au début de la période de chauffe peut être normal, car la pression augmente quand l’eau chauffe et doit s’évacuer.
En revanche, si ça goutte en continu (même quand le chauffe-eau ne chauffe pas), on bascule dans le “pas normal”. Les causes typiques citées sont :
- des résidus de calcaire qui bloquent la soupape ;
- une pression d’eau froide trop forte (le site indique qu’au-delà de 7 bars, cela peut provoquer une fuite au groupe de sécurité) ;
- ou un groupe de sécurité simplement défectueux.
Ce diagnostic est précieux parce que, dans ce cas, la fuite ne vient pas forcément de la cuve : elle vient d’une pièce “fusible”, faite pour protéger l’installation.
La fuite vient d’un raccord (arrivée froide, sortie chaude)
Ici, l’eau “naît” au niveau d’un écrou, d’un filetage, d’un raccord diélectrique, ou d’un flexible. On le repère souvent parce que :
- le point de départ est net,
- l’eau suit le tuyau ou goutte à intervalles réguliers,
- le reste de la cuve paraît sec.
Dans ce scénario, il s’agit souvent d’un joint fatigué, d’un serrage qui a bougé, ou d’une étanchéité à refaire. Ce n’est pas forcément “grave”, mais ça peut empirer très vite si on laisse vibrer, chauffer/refroidir, et prendre de la pression.
La fuite vient du bas de la cuve
Quand l’eau semble sortir “de dessous”, pas d’un tuyau, et que le dessous du ballon est humide sur une zone plus large, deux pistes reviennent souvent :
- un problème d’étanchéité au niveau de la bride (joint, serrage) ;
- ou une cuve oxydée / percée.
Si ça fuit par le bas, la cuve peut être oxydée et percée, notamment à cause de la corrosion liée à une eau calcaire, avec parfois une eau teintée “rouille”. Le site indique aussi qu’en cas de cuve percée, la solution est généralement le remplacement.
La fuite se rapproche du capot / des éléments électriques
Si vous voyez de l’humidité près du capot inférieur (selon modèle) ou autour des passages de câbles, ne cherchez pas à “ouvrir pour vérifier” dans la précipitation. Votre priorité reste de garder le courant coupé et d’éviter que l’eau s’infiltre davantage. Dans ces cas-là, l’intervention d’un professionnel est souvent la voie la plus sûre.
Arrêter la fuite selon le cas : ce que vous pouvez faire, et ce qu’il vaut mieux éviter
À ce stade, vous avez coupé l’eau et l’électricité. Très bien. Maintenant, la question devient concrète : “Qu’est-ce que je fais maintenant pour que ça ne recommence pas dès que je rouvre ?”
Si le groupe de sécurité coule : comprendre “normal” vs “anormal”
Un peu d’eau pendant la chauffe peut être normal, mais il y a deux signaux d’alerte très parlants :
- ça coule en continu, même hors chauffe ;
- le débit ressemble plus à un petit filet qu’à des gouttes.
Si vous êtes dans ce cas, deux causes reviennent souvent dans la pratique :
- le groupe est entartré / usé ;
- la pression du réseau est trop élevée.
Une pression d’eau froide supérieure à 7 bars peut provoquer une fuite au niveau du groupe, et la solution évoquée est l’installation d’un réducteur de pression à la sortie du compteur.
Ce point est important : remplacer le groupe sans régler une surpression peut donner l’impression que “ça revient toujours”.
Vous pouvez aussi rencontrer la notion de “forte chasse d’eau” du groupe de sécurité (action brusque sur la manette) pour déloger du calcaire.
Dans la vraie vie, c’est un geste à faire avec précaution : si le groupe est très vieux, il peut aussi se mettre à fuir davantage après manipulation. Si vous tentez, faites-le seau en place, calmement, sans insister si vous sentez une résistance anormale.
Si un raccord fuit : le “resserrage léger” peut suffire… ou empirer
On a tous le même réflexe : “je vais serrer un peu”. Ça peut marcher, mais seulement si vous le faites proprement :
- essuyez totalement, puis observez d’où part la goutte ;
- serrez très légèrement (pas “jusqu’à ce que ça force”),
- puis laissez quelques minutes et observez à nouveau.
Si vous serrez trop, vous pouvez écraser un joint fibre ou fendre un accessoire. Et si la fuite revient immédiatement dès la remise en eau, ce n’est souvent plus un problème de serrage : c’est une étanchéité à refaire (joint, filasse/teflon selon montage).
Si vous n’avez pas l’habitude, c’est typiquement le genre d’intervention où un professionnel va plus vite et évite les dégâts collatéraux (raccord abîmé, filetage arraché, fuite amplifiée).
Si la fuite vient de la bride : intervention plus “technique”
Une fuite sur bride implique généralement :
- une vidange au moins partielle,
- un démontage,
- un remplacement de joint (et parfois contrôle de la résistance / anode selon modèle).
C’est faisable, mais c’est une opération où une erreur de remontage (mauvais positionnement du joint, serrage irrégulier, couple excessif) peut provoquer une fuite immédiate à la remise en eau. Si votre ballon est ancien ou déjà très entartré, il faut aussi envisager l’arbitrage : réparer maintenant… ou remplacer et repartir sur du neuf.
Si la cuve est percée : on arrête et on organise le remplacement
C’est le cas où l’on perd le plus de temps si on s’acharne. Une cuve percée ne se “répare” pas durablement avec un colmatage, et le risque, c’est de croire à une solution temporaire… jusqu’au prochain écoulement plus important.
Le bon plan, c’est de sécuriser (courant et eau coupés), protéger le sol, et planifier rapidement l’intervention.
Vidanger un chauffe-eau sans se mettre en difficulté
Vidanger n’est pas obligatoire dans tous les cas, mais c’est souvent utile quand :
- vous devez remplacer un groupe de sécurité ;
- vous intervenez sur la bride ;
- vous remplacez le ballon ;
- ou vous voulez éviter que l’appareil continue à se vider “dans le placard”.
La logique d’une vidange réussie tient en trois idées :
- l’eau n’entre plus (arrivée d’eau froide fermée),
- l’air peut entrer (un robinet d’eau chaude reste ouvert),
- l’eau a un chemin de sortie (tuyau vers évacuation, ou seau géré sérieusement).
Si vous essayez de vidanger sans laisser entrer d’air, ça glougloute, ça ralentit, et vous perdez du temps. Si vous vidangez sans évacuation propre, vous transformez une fuite en inondation.
Remettre en route : l’erreur qui abîme le chauffe-eau
Une fois la fuite traitée (même provisoirement), vous allez vouloir remettre l’appareil en service. Là, il y a un piège classique : remettre l’électricité alors que le ballon n’est pas plein.
La bonne routine est simple :
- vous rouvrez l’arrivée d’eau froide,
- vous laissez un robinet d’eau chaude ouvert jusqu’à ce que le débit devienne stable (sans air),
- vous inspectez soigneusement les zones sensibles (raccords, groupe, bas de cuve),
- puis seulement vous remettez le courant.
Ce contrôle “quelques minutes” évite beaucoup de mauvaises surprises.
Pourquoi il ne faut pas laisser traîner : eau gaspillée et énergie gaspillée ?
On pense d’abord à l’eau, et c’est normal : une fuite, ça se voit. Mais dans le cas d’un ballon d’eau chaude, la fuite peut aussi créer un autre problème : l’appareil réchauffe de l’eau qui est aussitôt remplacée par de l’eau froide, ce qui peut pousser le chauffe-eau à fonctionner plus souvent.
Pour donner un ordre de grandeur, Kelwatt indique qu’il faut prévoir une consommation annuelle moyenne d’électricité d’environ 800 kWh par personne pour un chauffe-eau électrique.
Ce n’est pas une “preuve” qu’une fuite doublera la facture, évidemment, mais ça rappelle que l’eau chaude est un poste significatif : si votre ballon se met à chauffer inutilement, l’impact peut se sentir.
Et côté eau pure, le chiffre est très parlant : 3 à 10 litres par heure pour un ballon qui fuit. À ce rythme, même une fuite “pas spectaculaire” finit par peser, surtout si elle dure la nuit ou pendant une absence.
Quand appeler un professionnel (sans hésiter) ?
Il existe des cas où chercher à “gérer soi-même” n’est pas une économie mais un risque :
- fuite importante, écoulement continu, ruissellement ;
- eau proche d’éléments électriques ;
- suspicion de cuve percée ;
- impossibilité de couper l’eau correctement ;
- chauffe-eau gaz avec odeur suspecte.
Sur le gaz, un rappel utile : en cas de fuite de gaz ou d’odeur suspecte, vous pouvez contacter GRDF au 0 800 47 33 33, numéro ouvert 24h/24 et 7j/7.
Dans ce scénario, on aère, on coupe le gaz si possible, on sort sans actionner d’appareil électrique, et on appelle depuis l’extérieur.
Prévenir la fuite : ce qui évite de revivre la scène
Il y a deux causes qui reviennent souvent derrière les fuites de chauffe-eau : le calcaire et la pression.
Le calcaire encrasse, fatigue les organes (dont le groupe de sécurité), et accélère la corrosion. La pression, elle, met tout le réseau “sous contrainte” et peut forcer la soupape à évacuer plus que prévu.
Un bon indicateur, c’est la répétition : si vous remplacez un groupe de sécurité et que ça recommence rapidement, il faut poser la question de la pression d’alimentation. Pour cela, vous pouvez surveiller un seuil (plus de 7 bars).
Enfin, surveillez les signaux faibles : une auréole sous le ballon, une trace de calcaire sur un raccord, un siphon humide en permanence. Un contrôle visuel de trente secondes peut vous éviter une matinée à éponger.
FAQ
Pourquoi mon chauffe-eau fuit seulement pendant la chauffe ?
Durant la chauffe, l’eau se dilate et la pression monte : le groupe de sécurité peut donc laisser couler un peu d’eau. Si c’est un filet ou si ça dure trop longtemps, ce n’est plus normal.
Le groupe de sécurité goutte en continu : c’est grave ?
C’est anormal (et ça peut coûter cher). Causes fréquentes : groupe entartré/usé ou pression trop élevée. Souvent, il faut remplacer le groupe et parfois installer/régler un réducteur de pression.
Comment savoir si c’est la cuve qui fuit ?
Si l’eau ne vient ni d’un raccord ni du groupe, mais du corps du ballon (suintement, rouille, traces brunes, fuite qui augmente), la cuve est suspecte. Dans ce cas, le remplacement est souvent la solution.
Est-ce qu’une fuite peut faire disjoncter ?
Oui, si l’eau atteint une partie électrique (thermostat, connexions, résistance) signifie un défaut d’isolement. D’où le réflexe : couper le courant tout de suite.
Peut-on colmater une fuite sur un ballon d’eau chaude ?
Sur un raccord/joint, oui (étanchéité à refaire). Sur une cuve, c’est rarement fiable : colmatage = dépannage temporaire, mieux vaut prévoir le remplacement.

