Le fioul domestique : quel avenir pour ce mode de chauffage ?

Rédigé par Nelly Kempf
Mis à jour le 16 mai 2025
Temps de lecture : 7 min
fioul

Sommaire

Le fioul domestique a longtemps été une solution de chauffage répandue en France, notamment dans les zones rurales et les maisons individuelles. Mais face aux enjeux environnementaux et économiques, ce mode de chauffage est de plus en plus remis en question. Interdiction des nouvelles installations, baisse de la consommation nationale, développement d'alternatives renouvelables… Le fioul n’a plus la place qu’il occupait autrefois dans le mix énergétique français. Cet article fait le point sur les raisons du déclin de cette source d’énergie, les solutions de remplacement, et l’avenir à court et moyen terme de ce combustible fossile.


Besoin d’installer une chaudière plus performante ?


Chauffage au fioul : état des lieux en France

Le chauffage au fioul est en recul progressif sur le territoire français. Ce déclin s’explique par une combinaison de facteurs : des préoccupations environnementales croissantes, des prix volatils liés à la dépendance aux énergies fossiles, et un encadrement réglementaire renforcé. Depuis le 1er juillet 2022, l’installation de chaudières fonctionnant exclusivement au fioul est interdite dans les maisons individuelles, sauf dérogation. Cette mesure vise à réduire l’usage d’une énergie fossile particulièrement émettrice de gaz à effet de serre.

Le fioul continue toutefois de chauffer une part non négligeable du parc résidentiel :

  • En 2016, le fioul représentait encore le troisième mode de chauffage en France, derrière l’électricité et le gaz naturel. En 2023, il est relayé à la cinquième place selon  les statistiques gouvernementales.
  • La répartition des logements chauffés au fioul a progressivement diminué au fil des ans : 826 000 appartements et 3 106 000 maisons en 2010, puis 486 000 et 1 764 000 en 2023. (CEREN)
  • Selon une enquête menée par Hellio en 2021, près d’une personne sur deux se déclarait prête à conserver sa chaudière fioul, malgré l’annonce des futures restrictions.

Pourquoi le chauffage au fioul est-il en voie de disparition ?

Le chauffage au fioul tend à disparaître en France, sous l’effet de contraintes environnementales, économiques et réglementaires, mais aussi d’une évolution des usages et d’un essor des solutions alternatives. Ce mouvement s’inscrit dans une logique plus large de transition énergétique, portée par les politiques publiques et les engagements climatiques nationaux.

Un combustible parmi les plus polluants

picto info HellioL’INFO HELLIO

Le fioul, combiné à l’usage de chaudières anciennes, contribue également à l’émission de particules fines, notamment en cas d’entretien irrégulier ou de réglage inadapté.

Issu du raffinage du pétrole brut, le fioul domestique est une énergie fossile fortement émettrice de gaz à effet de serre. À la combustion, il libère en moyenne 325 gCO2/kWh (base Carbone de l’Ademe), ce qui en fait l’un des combustibles les plus polluants du résidentiel, au même niveau que le charbon. Pour limiter l’impact environnemental du chauffage, les autorités ont fixé un seuil réglementaire de 300 gCO2eq/kWh PCI, que les chaudières fioul classiques ne peuvent plus respecter.

Un prix instable et difficilement prévisible

Le coût du fioul est directement lié au marché international du pétrole. Il varie en fonction des tensions géopolitiques, de l’offre mondiale et du taux de change euro/dollar. Cette volatilité des prix rend le fioul difficile à anticiper pour les ménages, notamment lors des pics de consommation hivernale. À cela s’ajoutent les taxes croissantes sur les énergies fossiles, qui alourdissent davantage la facture.

En comparaison, des sources comme le bois énergie sont plus stables, et les systèmes comme les pompes à chaleur permettent de réduire considérablement les dépenses de chauffage.

Une interdiction progressive et encadrée

picto info HellioL’INFO HELLIO

Si l’interdiction s’applique aux nouvelles installations, les chaudières déjà en place peuvent continuer à fonctionner et à être réparées, tant qu’elles ne sont pas remplacées.

Depuis le 1er juillet 2022, il est interdit d’installer des chaudières exclusivement alimentées au fioul, que ce soit dans les bâtiments neufs ou en remplacement d’un équipement existant. Cette interdiction s’appuie sur le décret n° 2022-8 du 5 janvier 2022, dans le cadre de la stratégie nationale de décarbonation du secteur du bâtiment.

L’objectif est clair : éradiquer totalement le chauffage au fioul d’ici 2030, sauf exception. Une dérogation reste possible uniquement si aucune autre solution technique n’est envisageable dans le logement, notamment en zone rurale isolée.

Des aides publiques pour accélérer la transition

Pour accompagner les ménages dans cette transition, l’État a mis en place plusieurs dispositifs financiers :

  • MaPrimeRénov’, pouvant atteindre 11 000 € selon le type d’équipement et les revenus du ménage,
  • Les certificats d’économie d’énergie (CEE), avec des primes “Coup de pouce Chauffage” jusqu’à 5 000 €,
  • Des aides locales et régionales complémentaires.

Ces soutiens visent à favoriser l’installation de pompes à chaleur, de chaudières à granulés de bois ou de systèmes hybrides, qui offrent à la fois un meilleur rendement et une réduction significative des émissions.

Une évolution des mentalités et des priorités

Au-delà des aspects économiques et réglementaires, la disparition du fioul s’inscrit dans une logique de transition énergétique nationale. Si les préoccupations environnementales progressent chez les ménages, le changement de système de chauffage repose avant tout sur l’incitation financière (MaPrimeRénov’, primes CEE, etc.) et les restrictions réglementaires.

Ce mouvement est également porté par des objectifs plus larges de politique énergétique. Le fioul, issu du pétrole, est un exemple typique de ressource entièrement importée : la France n'exploite plus de gisements pétroliers significatifs, et 100 % du pétrole consommé est importé. Cette dépendance renforce la vulnérabilité aux chocs géopolitiques et contribue à la volonté de réduire l’usage des énergies fossiles.

En 2023, les importations françaises de pétrole brut ont atteint 45,5 millions de tonnes selon l’Insee, provenant principalement de :

  • Afrique (39 %) ;
  • Moyen-Orient (17,2 %);
  • Mer du Nord (9,3 %) ;
  • Ex-URSS (12,8 %, avec 0 % provenant de Russie en 2023 contre 6,2 millions de tonnes en 2019);
  • Autres régions (21,8 %, en progression).

Cette dépendance structurelle pèse sur les orientations de l’État, qui privilégie aujourd’hui les énergies renouvelables locales pour renforcer la sécurité énergétique du pays.


Le chauffage au fioul va-t-il totalement disparaître ?

Le retrait progressif du fioul est désormais une réalité encadrée par la loi. Si les équipements en place peuvent encore être utilisés ou réparés, aucune nouvelle installation au fioul n’est autorisée, sauf cas très spécifiques.

Cette trajectoire réglementaire, combinée à la dynamique de baisse de la consommation (plus de 60 % de baisse entre 1990 et 2022), à la hausse des prix et à la disponibilité croissante d’alternatives, rend la disparition du chauffage au fioul inéluctable à moyen terme.

picto chiffre HellioLE CHIFFRE HELLIO : 26,3 %

En 2022 selon l’INSEE, la consommation de fioul domestique représentait 4,2 millions de tonnes contre 5,7 millions de tonnes en 2018. Soit une diminution de 26,3 % en seulement 4 ans.


De quoi est composé le fioul domestique ?

Un dérivé lourd du pétrole

Le fioul domestique est un produit pétrolier lourd, obtenu à partir du raffinage du pétrole brut. Il s’agit d’un combustible liquide composé majoritairement d’hydrocarbures, auxquels sont ajoutés divers additifs pour améliorer sa stabilité, sa combustion ou sa résistance au froid. Le fioul utilisé pour le chauffage résidentiel est généralement de type “fioul domestique ordinaire” (FOD), de couleur rouge pour le différencier du gazole routier.

Son pouvoir calorifique élevé (environ 10 kWh par litre) a longtemps été un avantage, notamment pour chauffer de grandes surfaces. Toutefois, cette énergie reste fortement émettrice de CO2.


Le biofioul : une alternative transitoire au fioul fossile ?

picto astuce HellioL’ASTUCE HELLIO

Il est possible d’adapter une ancienne chaudière fioul pour qu’elle soit compatible avec le biofioul F10, via un simple changement de gicleur et un réglage du brûleur. Cela permet de prolonger la durée de vie de l’équipement tout en réduisant son impact carbone.

Face à l’interdiction progressive des chaudières 100 % fioul, le secteur a développé le biofioul, une version partiellement renouvelable du fioul domestique. Il s’agit d’un mélange entre du fioul fossile et un ester méthylique d’acide gras (EMAG), issu principalement du colza. Deux types de biofioul coexistent aujourd’hui :

  • Biofioul F10 : contient jusqu’à 10 % d’EMAG. Il est compatible avec certaines chaudières fioul existantes, moyennant un simple réglage.
  • Biofioul F30 : composé de 30 % d’EMAG. Ce mélange nécessite une chaudière compatible, appelée « chaudière biofioul », spécialement conçue pour accepter ces proportions plus élevées.

À ce jour, aucune aide publique ne soutient l’installation de ces équipements, limitant fortement leur développement. Le biofioul peut constituer une solution de transition, mais pas une alternative de long terme au regard des objectifs climatiques de la France.

L’enjeu est de réduire l’empreinte carbone de ce type de chauffage, tout en conservant une solution liquide pour les logements non raccordés au gaz ou éloignés des réseaux électriques performants. Le biofioul F30 permettrait, selon les estimations du secteur, une réduction d’environ 20 % à 30 % des émissions de CO2 par rapport au fioul classique.


Un projet de rénovation énergétique ?


Quelles alternatives au chauffage au fioul ?

Remplacer une chaudière au fioul est aujourd’hui une nécessité, à la fois pour se conformer à la réglementation en vigueur et pour réaliser des économies d’énergie. Plusieurs solutions de chauffage performantes et plus respectueuses de l’environnement sont désormais accessibles, soutenues par des dispositifs d’aides financières attractifs. Les plus souvent recommandées sont les pompes à chaleur et les chaudières à biomasse, mais d’autres systèmes peuvent également convenir en fonction des caractéristiques du logement.

Les pompes à chaleur (PAC)

picto info HellioL’INFO HELLIO

Pour une PAC air/eau, un bon coefficient de performance (COP) est généralement supérieur à 3 : cela signifie qu’elle restitue 3 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommée.

Les pompes à chaleur utilisent les calories présentes naturellement dans l’air, le sol ou l’eau souterraine pour chauffer un logement et/ou produire de l’eau chaude sanitaire (ECS). Elles sont particulièrement adaptées au remplacement d’une chaudière fioul, notamment si un système de chauffage central existe déjà.

Elles se déclinent en plusieurs technologies :

  • PAC aérothermiques :
    • Air/air : la chaleur extérieure est restituée via un système de ventilation.
    • Air/eau : la chaleur est injectée dans un réseau d’eau chaude (radiateurs ou plancher chauffant).
  • PAC géothermiques :
    • Sol/eau ou eau/eau : exploitent les calories du sol ou des nappes phréatiques.
    • Systèmes plus performants mais nécessitant des travaux de forage.
  • PAC hybrides :
    • Combinent une PAC air/eau et une chaudière gaz à condensation.
    • Permettent de maintenir le confort en période de grand froid.

Les pompes à chaleur présentent quelques avantages intéressants :

  • Utilisation d’une énergie renouvelable (air, sol, eau) ;
  • Faibles émissions de gaz à effet de serre ;
  • Économies d’énergie importantes : jusqu’à 35 % de réduction par rapport au fioul, selon l’Ademe ;
  • Éligibilité à MaPrimeRénov’ (jusqu’à 11 000 €) et aux primes CEE.

Mais elles ont aussi des inconvénients :

  • Rendement sensible au climat : les performances peuvent chuter en période de grand froid ;
  • Coût d’installation élevé : variable selon la technologie ;
  • Dimensionnement obligatoire par un professionnel qualifié ;
  • L’unité extérieure peut dégager un certain bruit.

Les chaudières à biomasse (bois)

picto astuce HellioL’ASTUCE HELLIO

Un appareil labellisé Flamme Verte 7 étoiles garantit un haut rendement et de faibles émissions. C’est aussi un critère d’éligibilité aux aides.

Ce système de chauffage utilise des combustibles issus de matières organiques renouvelables, comme les bûches, plaquettes forestières ou granulés de bois (pellets).

Avantages :

  • Énergie renouvelable locale et compétitive ;
  • Rendement élevé, notamment avec les chaudières à granulés automatisées ;
  • Éligibilité à des aides élevées : jusqu’à 5 000 € avec MaPrimeRénov’ ;
  • Chaleur confortable et constante.

Inconvénients :

  • Nécessite un espace de stockage du combustible ;
  • Entretien régulier (nettoyage, vidage des cendres) ;
  • Émissions de particules fines (même si limitées avec un appareil performant).

Autres options au fioul envisageables

En fonction du logement, d'autres solutions peuvent être étudiées :

  • Chaudière gaz à condensation : efficace et compatible avec un réseau de chauffage central, mais toujours fossile ;
  • Réseaux de chaleur urbains : leur mix énergétique varie selon les territoires ; ils peuvent être 100 % fossiles, renouvelables ou mixtes ;
  • Poêles à bois : bon chauffage d’appoint, notamment pour les petites surfaces ;
  • Radiateurs électriques à inertie : plus efficaces que les convecteurs classiques, mais dépendants du prix de l’électricité ;
  • Systèmes solaires : solution écologique mais nécessitant un bon ensoleillement et souvent un appoint ;
  • Ballon thermodynamique : pour la production d’eau chaude sanitaire, combinant PAC et ballon de stockage.

Le choix de l’équipement dépendra du type de logement, de son emplacement géographique, du budget disponible et des objectifs de performance énergétique. Il est fortement recommandé de faire appel à un professionnel Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) pour évaluer la faisabilité du projet et déterminer le système le plus adapté.


Financez l’installation d’un système de chauffage décarboné !


Tags associés : Conseils, Fioul

picto rédacteur blanc

Cet article a été rédigé par Nelly Kempf,

Consultante SEO et stratégie éditoriale / Rédactrice

Notre équipe de journalistes et rédacteurs publie des articles sur tous les sujets de l'énergie : rénovation énergétique, aides financières, nouvelles lois... Nous nous efforçons de les mettre à jour régulièrement. Toutefois, si vous avez un doute sur une information, n'hésitez pas à nous en faire part.

Pour plus d'informations,

Hellio, votre énergie a de l'impact
Hellio, votre énergie a de l'impact
  • Isolation
  • Chauffage
  • Rénovation globale
  • Audit
  • Photovoltaïque

Demandez vos aides sans attendre
et rénovez moins cher